Mews House – Ces maisons de ville typiquement londoniennes

Aujourd’hui, j’ai envie de m’évader un peu du quotidien et de voyager, pas si loin, dans une ville que j’apprécie tout particulièrement : Londres. Certains d’entre vous connaissent mon engouement pour la Grande-Bretagne dans son ensemble, autant pour ses paysages sauvages que pour ses villes hétéroclites. C’est pour cela que depuis mon article sur le style cottage anglais, j’avais dans un coin de ma tête l’envie d’écrire quelques lignes sur un autre type d’habitation britannique : les Mews Houses. Allez suivez-moi :

De quoi s’agit-il ?

Les Mews Houses sont de petites maisons de ville mitoyennes, alignées le long de ruelles, impasses ou cours pavées. Elles se composent de façades en briques, peintes ou laissées telles quelles. Elles comportent de larges ouvertures en rez-de-chaussée, puis d’un ou deux étages aux fenêtres plus petites, puis parfois, une terrasse en roof top. Certaines arborent de petits escaliers extérieurs permettant d’accéder directement au premier étage. Les Mews sont souvent largement végétalisées et il n’est pas rare de trouver des façades arborant de belles couleurs pastel ou carrément flashy, qui donnent à ces lieux une ambiance bien particulière. Aujourd’hui, le terme Mews désigne sans distinction ces constructions typiques ou les ruelles elles-mêmes.

Où les trouve-t-on ?

Les Mews Houses se trouvent majoritairement dans les quartiers riches de l’Ouest de Londres, tels que Kensington ou Notting Hill. Elles sont aujourd’hui très recherchées et coutent de fait très chères. Certaines maisons peuvent grimper à plus de 7 millions de Livres Sterling. On est d’accord, ce n’est pas pour toutes les bourses. D’ailleurs, nombreux sont les artistes britanniques célèbres qui en possèdent ou en ont possédé une, tels que Liam Gallagher ou Adèle. En 2015, une étude a estimé qu’il existait 391 Mews Houses d’origine à Londres dont 239 auraient été rénovées. Si ça vous tente, il semble donc rester quelques perles à restaurer.

Une Histoire de bête à plumes et à poils

Il se dit que le terme « Mews » prend sa source dans le verbe « muer » en français. Dès la fin du XIVe siècle, ce nom aurait été donné aux bâtiments dans lesquels les faucons du Roi se retrouvaient confinés pendant leur mue. Au milieu du XVIe siècle, la fonction des Mews évolue pour accueillir non plus des oiseaux mais des chevaux. Les premières écuries sont construites sur les sites des anciennes fauconneries royales. Il s’agit tout d’abord d’écuries royales telles que Charring Cross, puis au XVIIe siècle, ce type de construction sera étendu au milieu bourgeois. Les Mews endossent alors un rôle qu’elles tiendront pendant deux siècles : Elles deviennent des ruelles de service desservant des étables situées en rez-de-chaussée, elles-mêmes surmontées de logements de fonction des cochers ou autres domestiques.

Une organisation urbaine ingénieuse

Les Mews ont été conçues avec ingéniosité : Elles viennent doubler, sur l’arrière, une série de belles demeures donnant sur une avenue majestueuse. Cela se remarque immédiatement en plan, les Mews sont implantées au cœur d’un ensemble urbain où s’enchainent belle avenue, belles maisons, maisons de domestiques et étables et voie de service, puis de même de l’autre côté.

L’intérêt de cette organisation urbaine résidait dans le fait que les bruits et les odeurs désagréables émanant des écuries étaient relayés en second plan et ne venaient pas troubler la vie paisible des riches propriétaires londoniens. Ainsi, le nom donné aux Mews est souvent le même que celui de la voie noble contre laquelle elles sont adossées. Tout simplement parce qu’à l’époque, ces constructions ne sont pas indépendantes et restent des annexes des maisons de maîtres. Au vu de l’efficacité du modèle, celui-ci sera largement repris dans d’autres agglomérations britanniques ou outre-Atlantique.

La vie dure des Mews au début du XXe siècle

Le XXe siècle sera le témoin d’une rapide évolution des Mews, peu à peu délaissées. Tout d’abord par le remplacement des chevaux et calèches par les voitures à moteur. Les deux Guerres Mondiales auront raison des Mews. Le nombre de propriétaires pouvant s’offrir ou entretenir ces propriétés diminueront fortement, sans compter celles qui seront détruites. Heureusement, au cours des années 1960, les Mews retrouvent de l’intérêt aux yeux des londoniens, qui les transforment en commerces et/ou en habitation.

Un regain d’intérêt depuis les années 1960

Ces dernières décennies ont vu se développer un véritable engouement pour ces maisons et ruelles au charme si particulier, si bien que des campagnes de réhabilitation de ces constructions ont été engagées. Tout cela a permis de valoriser un patrimoine et de redonner vie à ces micro-quartiers où il fait bon vivre mais aussi de les ériger à un rang bien supérieur à celui d’origine, en les transformant en logements à part entière visant une catégorie de personnes plutôt aisée, comme cette Mews House de Notting Hill proposée à la vente à plus de 4 millions de Livres Sterling :

Et à l’intérieur…

Les Mews houses que j’ai pu voir rénovées lors de mes recherches ne conservent que peu, voire pas, de marque du passé à l’intérieur. A mon sens et d’après ce que j’ai pu voir, seule la partition des espaces peut éventuellement témoigner de l’usage d’origine, notamment en rez-de-chaussée. Dans la plupart des plans, on retrouve souvent une grande pièce au ground floor qui devait correspondre au box du ou des chevaux et éventuellement à un espace pour stationner une calèche.

En l’état actuel de mes recherches, je reste un peu sur ma faim car j’aurais adoré retrouver à l’intérieur de l’une de ces Mews Houses, un témoignage du passé, sans savoir vraiment à quoi m’attendre et si même il était possible de conserver quelque chose d’antan. Mais je reste persuadée, car je suis loin d’avoir une vision exhaustive, qu’il existe des cas où la rénovation a su sauvegarder un petit soupçon d’Histoire. Simplement pour faire perdurer l’expérience sensorielle et l’émerveillement au-delà de la façade. Mais je trouve plutôt positif que ce patrimoine ait pu s’adapter aux modes de vie contemporains.

J’ai quand même repéré une petite rénovation de Mews House qui m’a bien plu et dont je partage avec vous quelques photos :

Pour finir, et si cela vous intéresse, sachez qu’il existe des Mews Houses proposées à la location sur le site AirBnb. Ce ne sera pas le plan hébergement le plus abordable pour visiter Londres mais ce sera l’un des plus riches sur le plan de l’expérience.

N’hésitez pas à me laisser votre avis sur cet article ou sur le sujet en commentaire, ou un témoignage, imagé ou non, de votre expérience dans une Mews House.

Image de Lise-Pauline Henry

Lise-Pauline Henry

Fondatrice de l’agence d’architecture d’intérieur et de décoration Tadaima Concept, je suis diplômée d’Etat en Architecture et titulaire d’une Maitrise en Arts Plastiques. Créative pure souche, j’aime dessiner, coudre, jardiner, bricoler, voyager… m’inspirer de ce qui m’entoure pour enrichir mes projets et partager avec vous tous mes secrets !

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