Aujourd’hui, je vous propose de tirer le portrait d’un matériau dont on entend pas mal parler en ce moment. J’ai nommé : le Solid Surface. Peut-être connaissez-vous déjà les marques telles que Krion®, Corian® ou Kerrock®. Toutes produisent ce matériau si particulier qui confère élégance et modernité aux cuisines, comme aux salles de bain. Mais alors, d’où vient-il ? Quelles sont ses qualités ? Découvrons tout cela en détails…
Le Solid Surface, qu’est-ce c’est ?
Le Solid Surface est un matériau de synthèse majoritairement minéral, dont la texture extrêmement lisse lui donne un aspect très similaire au marbre ou au granit. Il est utilisé dans la confection de plans de travail de cuisine, d’équipements de salle de bain, mais aussi dans la fabrication de mobiliers, ou même de panneaux de façades. Vous l’aurez compris, c’est un matériau très polyvalent du fait de ses nombreuses qualités.
En effet, il porte bien son nom car le Solid Surface est avant tout un matériau solide et résistant. Il résiste aux chocs physiques et thermiques et est également résistant aux UV et à l’humidité puisque 100% waterproof. Il est totalement non poreux, ce qui ne laisse aucune chance aux bactéries de s’incruster et en fait un matériau très hygiénique et très facile d’entretien. Gros avantage également, il est réparable. Pas de panique donc en cas de fissure, le Solid Surface se soigne ! La touche finale, et non des moindre : son esthétisme, qui en fait un matériau de choix pour les intérieurs minimalistes et contemporains. La pureté de ses formes est accentuée par un assemblage à joints invisibles, laissant l’impression d’une matière continue, peu importe les dimensions de l’ouvrage.
Il est produit sous forme de « feuilles » à partir de 4mm d’épaisseur et peut être découpé, assemblé, collé, gravé, thermoformé, coloré… Les possibilités de transformation sont infinies. Sa seule limite est finalement être celle de l’imagination du concepteur. Inutile de préciser que Designers et Architectes peuvent s’en donner à cœur-joie.
Un peu d’histoire
Vous vous en doutez, le Solid Surface n’a pas toujours existé. Son apparition est même relativement récente puisque sa fabrication a été mise au point dans les années 1960. Il apparait dans les laboratoires d’une entreprise américaine de produits chimiques du nom de DuPont, située à Wilmington (Delaware). Cela ne vous dit rien ? Pourtant, ce laboratoire est à l’origine d’autres inventions telles que le Lycra, entre autres…
C’est en 1963 que le jeune Donald SLOCUM, 33 ans à l’époque, met au point ce matériau sur lequel il travaille depuis plusieurs années. Son but, parvenir à créer un matériau regroupant toutes les qualités citées plus haut, à savoir solidité, facilité d’entretien, facilité de mise en œuvre…
Dès l’année 1964, seulement 1 an après l’aboutissement des recherches de SLOCUM, l’entreprise DuPont commercialise ce nouveau matériau sous le nom de Corian®. Au vu du potentiel commercial de ce produit, ils déposent un brevet qui sera délivré le 8 octobre 1968, leur permettant de conserver l’exclusivité des droits de production. Un brevet qui expirera dans les années 1990, ouvrant la porte à d’autres entreprises pour développer leur propre fabrication.
Le Solid Surface a été très populaire dans les années 80 puis passé aux oubliettes quelques temps. Depuis les années 2000, ses fabricants mettent un point d’honneur proposer des formes, des dimensions, des couleurs, des applications toujours plus variées. Bien qu’il reste un matériau plutôt haut de gamme grâce à la possibilité de créer des formes uniques, son usage peut tout aussi bien être adapté au monde industriel avec des productions en série.
Un peu de chimie
Nous l’avons vu, le Solid Surface est un matériau de synthèse, c’est-à-dire créé par l’Homme (jusque-là, vous me suivez !). Il est composé de 2/3 de poudre minérale (Trihydrate d’Alumine) et d’une part de résine acrylique.
Le Trihydrate d’alumine est extrait du Bauxite, une roche sédimentaire qui se trouve être le principal composant de l’aluminium. La France est un grand pays exportateur de Bauxite depuis le milieu du XIXe siècle mais d’autres sites d’extraction existent dans le monde, en Europe mais aussi en Amérique du Sud ou en Asie.
D’une esthétique très proche de la pierre naturelle, le Solid Surface est pourtant bien moins dense, et donc, bien plus léger. Sa manipulation en est donc très simplifiée. Ce mélange présente également une grande résistance à la flexion, facilitant la fabrication de pièces spécifiques tout autant que son transport.
A l’origine, le matériau est produit exclusivement en blanc. Depuis plusieurs années, on ajoute différents pigments à la préparation de base afin de le colorer de manière unie, ou de travailler des aspects variés tels que des veines teintées comme le marbre, des effets mouchetés ou même des reflets métallisés. En fine épaisseur, le Solid Surface peut aussi jouer de transparence, lui permettant de communier parfaitement avec un rétro-éclairage entre autres. De fait, il sera utilisable dans la fabrication de banques d’accueil ou d’éléments signalétiques par exemple.
Et la santé et l’écologie dans tout ça…
Pour être totalement honnête avec vous, lorsque j’ai commencé mes recherches sur le sujet, je me suis rapidement questionnée sur la toxicité de ce produit. Attention, je suis loin d’être chimiste mais j’ai associé sa composition à des produits pas forcément connus pour être totalement sécures. La présence de bauxite (principal composant de l’aluminium qui est une matière cancérigène) et de résine d’acrylique (issue des dérivés du pétrole) m’ont quelque peu refroidie, même si encore une fois, je ne suis pas une experte en la matière.
Toutefois, j’ai découvert que le Solid Surface est classé comme GRAS. Je ne parle pas de graisses végétales ou animales ici mais bien de la certification américaine signifiant « généralement reconnue comme sûr ». Celle-ci répertorie les matériaux en contact avec la nourriture. L’obtention de cette certification garantit a priori une utilisation sans risque dans un cadre alimentaire, ce qui est plutôt rassurant.
Mais le Solid Surface va plus loin : il contient très peu, voire pas du tout de COV (Composés Organiques Volatils). Certaines marques, dont le Kerrock par exemple, garantissent l’absence de COV. Il est également certifié Greenguard. Il s’agit d’une des certifications les plus rigoureuses au monde, vouée à limiter les émissions chimiques des produits et ainsi restreindre la pollution de l’air intérieur.
Le petit Donald Slocum n’a pas si mal pensé son produit finalement ! Pour le coup, je me sens plutôt rassurée quant à la qualité de ce matériau et à son utilisation domestique.
Pour finir, il faut également noter que le Solid Surface est entièrement recyclable et, nous l’avons vu, réparable. Ses utilisateurs s’en sépareraient moins vite qu’avec d’autres matériaux. Il pourrait résister au moins 50 années facilement. C’est donc un matériau durable et même si son prix reste élevé de nos jours, il reste un bon investissement sur le long terme. Côté production, je ne saurais trop vous conseiller de choisir des sites de fabrication européens, puisque nous avons la chance d’en avoir à proximité. Par ailleurs, je vous invite à vérifier les certifications des produits que vous achetez car chaque marque aura sa propre recette et j’imagine que tous les Solid Surface ne se valent pas…
J’adorais déjà l’esthétique de ce produit, mais je trouve que les moyens mis en œuvre pour le développer sur les plans esthétique, qualitatif et environnemental, sont tout à l’honneur des diverses entreprises de production. J’ai remarqué depuis quelques temps que certaines grandes enseignes de bricolage proposent à la vente des équipements de salles de bain, entre autres. Ce qui signifierait que le Solid Surface est voué à toucher une population plus modeste. Toutefois, je n’ai pas forcément trouvé l’origine de fabrication de ces produits et j’ignore donc si leur qualité est au niveau des grandes marques de Solid Surface.
De votre côté, qu’en pensez-vous ? Connaissiez-vous le Solid Surface ? Êtes-vous convaincu de ses qualités ? N’hésitez pas à échanger avec moi sur ce sujet. Et si vous souhaitez lire davantage d’articles, je vous invite par exemple à lire mon article sur les types de parquet.
- https://www.corian.fr/
- https://www.krion.com/fr/
- https://www.kerrock.fr/
- https://www.riluxa.com/fr/definition-corian
- https://www.corian.fr/IMG/pdf/dupont_corian_specdata_fr_2016.pdf
- https://www.atamanchemicals.com/aluminium-trihydrate_u25571/?lang=FR
- https://www.ateliersjacob.com/blogue/tendances/a/le-corian-ce-mal-aime/