5 conseils pour échapper au piège du ratio prix/m²

Aujourd’hui, j’avais envie d’aborder un point récurrent dans les échanges avec les clients : la question du coût des travaux et plus précisément, le montant des travaux rapporté au mètre carré. Vous êtes nombreux, et c’est bien normal, à vouloir savoir très rapidement combien va vous coûter votre projet et à vous lancer dans des petits calculs pour y parvenir. Remerciez (ou pas) votre moteur de recherche préféré, qui vous donnera le prix moyen d’une rénovation en France, autour de 700€/m² selon lui, ou qu’une construction neuve à partir de 1000€/m². Même si c’est votre seul point de repère dans ce monde de brutes, ne vous fiez pas à ces montants-là, qui ne correspondent pas à grand-chose hors contexte et qui sont selon moi, bien trop sous-estimés. Voici 5 conseils pour échapper aux pièges des ratios prix/m², anticiper les différents frais relatifs à un chantier et éviter de se retrouver bloqué par une enveloppe financière insuffisante.

Conseil de pro N°1 : Méfiez-vous du ratio : prix/m²

Pour commencer, essayez de ne pas trop vous référer au montant de travaux au mètre carré, car la plupart du temps, ils ne peuvent pas s’appliquer, ou en tout cas, pas totalement. Je sais que c’est perturbant car c’est pour vous le seul moyen pour vous de savoir si vous êtes face à un devis de professionnels sérieux ou de personnes qui veulent profiter de votre manque de connaissance sur le sujet. Sachez qu’un prix au mètre carré n’a pas de valeur en soit. Demandez-vous de quel mètre carré parle-t-on ?

  • Si vous rénovez 9m² de chambre ou 9m² de salle de bain, le montant des travaux ne sera jamais le même, même si la surface est identique. Les pièces dites « techniques » ou « humides », les salles d’eau ou les cuisines par exemple, sont toujours plus onéreuses que les pièces sèches. En effet, il y a davantage de réseaux à passer : des réseaux de plomberie bien sûr mais aussi des réseaux électriques en plus grand nombre, puisque vous voudrez certainement que votre miroir de salle de bain ou votre plan de travail soit bien éclairé, en plus de l’éclairage général de la pièce. Il faut également opter pour des matériaux adaptés aux pièces humides, tels que plaques de plâtre ou peintures adéquates, installer crédence ou faïences murales pour se prémunir des projections au mur et ajouter à cela des éléments de menuiserie : meuble vasque ou plan de travail… Tout cela fait qu’à surface égale, le montant des travaux est souvent bien différent d’une pièce à l’autre. La rénovation de 3 petites chambres avec chacune leur salle d’eau, sera très probablement plus couteuse que celle de 3 grandes chambres et 1 grande salle de bain.

Conseil de pro N°2 : Analysez l’accès à votre chantier

On y pense peu mais le montant des travaux peut aussi beaucoup varier selon l’emplacement et la configuration de votre habitation. Il semble logique que l’acheminement des matériaux soit plus couteux si vous habitez une île ou une zone montagneuse.

Plus simplement, si vous habitez dans une rue très dense de centre-ville, les artisans vous feront certainement payer un supplément pour la location des places de stationnement auprès de la municipalité. De même, leur devis pourra tenir compte de la manutention nécessaire et de la pénibilité du chantier :

  • Si vous habitez une maison de 2 étages sans ascenseur et que vous souhaitez refaire carreler vos 3 salles d’eau du dernier étage, il faudra du temps (et donc de l’argent) à l’artisan pour monter les paquets de carrelage, les sacs de colle et de joint.

  • Si votre maison est mitoyenne des deux côtés, que vous voulez faire poser un claustra en aluminium côté jardin, livré monté, et qu’il ne passe pas par votre jolie porte d’entrée moulurée, il sera envisagé d’installer une grue pour le faire passer par-dessus votre maison.

Ces exemples sont, bien que véridiques, des cas extrêmes mais le but est de vous faire comprendre que parfois, des conditions d’accès difficiles peuvent faire varier le montant global des travaux de manière significative. L’accès à votre chantier est donc un point à ne pas négliger dans le montant de vos travaux. Il peut facilement ajouter 10%, voire plus, au montant total sans toutefois aborder la question de la surface à rénover ou à construire.

Conseil de pro N°3 : Pensez aux études techniques

Sachez aussi qu’un chantier nécessite des études techniques (études de sol, études structurelles…), qui elles aussi, auront un impact sur le montant total des travaux, sans pour autant être comptabilisées dans le coût au mètre carré. Toutefois, elles sont indispensables au bon déroulement du chantier.

  • Si vous souhaitez créer une ouverture dans un mur porteur, il sera nécessaire de faire appel à un bureau d’étude pour calculer le bon dimensionnement des éléments structurels. Pour information, certaines entreprises de maçonnerie sous-traitent cette partie ou ont cette compétence en interne. Cela peut expliquer une différence de prix sur les devis par rapport à une entreprise qui ne le prend pas à sa charge.

  • Autre exemple, si vous souhaitez faire construire une extension, il vous faudra également prévoir le prix d’une étude de sol, qui est obligatoire. Elle permettra de dimensionner les fondations de la future construction. Selon son résultat, le type de fondation préconisé sera plus ou moins onéreux. Cette étude, bien qu’obligatoire, ne sera jamais prise en compte dans le prix des travaux au mètre carré annoncé et devra être ajouté à l’enveloppe globale.

Les études techniques ont donc un coût mais sachez que leur résultat peut parfois mener à des surcoûts, comme pour une étude de sol qui conclurait à un mauvais sol et qui amènerait à mettre en place des fondations profondes.

Conseil de pro N°4 : N’oubliez pas les travaux « masqués »

Parfois, un prix au mètre carré peut tomber juste mais peut mettre de côté toute une partie du chantier.

  • L’exemple le plus frappant est le cas de la surélévationqui consiste à ajouter un étage au-dessus d’un bâtiment existant. Vous trouverez facilement un prix pour la construction du nouvel étage en lui-même. Mais il y a aussi, et surtout, un prix pour les travaux structurels sur la bâtisse existante, afin qu’elle puisse supporter la charge d’un étage supplémentaire et pour la remise au propre du rez-de-chaussée qui aura probablement été très impacté.

Souvent, les fondations d’origine n’auront pas été calculées pour supporter un étage en plus. Selon le résultat des études techniques (et oui encore), on optera soit pour une « reprise en sous-œuvre », ce qui signifie que l’on va venir renforcer les fondations existantes, soit pour la désolidarisation de l’étage supplémentaire, ce qui signifie que l’on mettra en place des poteaux (et donc des fondations) indépendants de la structure principale pour soutenir la construction neuve.

En clair, les plafonds et les sols de votre rez-de-chaussée seront très probablement démolis, au moins en partie, pour permettre aux maçons d’effectuer les travaux structurels, d’accéder aux fondations existantes ou en créer de nouvelles. Concrètement, en plus de la construction pure de la surélévation, il faudra absolument prévoir une enveloppe financière pour la rénovation du rez-de-chaussée. Eviter donc de vous lancer dans une surélévation si vous venez de terminer vos travaux du rez-de-chaussée.

  • Plus simplement, si vous souhaitez créer une ouverture dans un mur porteur entre votre cuisine et votre séjour par exemple, il faudra prévoir l’ouverture en elle-même mais ne pas oublier les travaux qui en découlent, à savoir les reprises de plâtrerie et de peinture, parfois d’électricité…

Dans un chantier, il y a souvent des interventions auxquelles on ne se s’attendait pas et qui sont pourtant indispensables. Pour éviter les mauvaises surprises, n’hésitez pas à poser des questions et à s’assurer que tout est prévu. Notez que sur un devis, il n’y a rien d’évident. Si ce n’est pas écrit, c’est que souvent, ce n’est pas prévu et donc pas chiffré. Et si cela vous inquiète, n’hésitez pas à avoir recours à un architecte, qui aura plus l’habitude que vous de ces évidences que l’on a tendance à oublier.

Conseil de pro N°5 : Faites le bon choix… de matériaux

Cela peut paraitre évident dit comme ça, mais la qualité des matériaux pourra évidemment impacter votre budget et ce peu importe la surface à traiter. Les matériaux que vous trouverez dans des grandes surfaces de bricolage seront souvent, moins chers que du matériel professionnel mais n’auront, la plupart du temps, pas la même qualité. Par ailleurs, sachez que les professionnels rechignent à poser des matériaux provenant de ces enseignes tout public. Ce n’est pas pour vous faire payer plus, ni parce qu’ils ont des actions chez tel ou tel fournisseur mais tout simplement parce que les assurances professionnelles ne couvrent généralement pas les fournitures des grandes surfaces de bricolage.

Ne vous étonnez donc pas de trouver un carrelage chez Brico Truc moins cher que celui que vous propose votre carreleur. Sauf exception, il sera probablement moins régulier et moins épais que celui de votre artisan et ce dernier devra mettre davantage de colle, ou même ajouter des cales pour poser correctement son carrelage. Cela lui coutera plus de temps et vous coutera plus d’argent.

Dites-vous que si vous choisissez la qualité, vous aurez plus de chance que vos travaux soient pérennes. Evidemment, on trouve de tous les prix, tout le temps. Mais sans aller dans le luxe, certains produits de milieu de gamme valent vraiment le coup. Bien sûr tout est une question de budget et ce point dépend bien évidemment de vos capacités de financement. Notez simplement que le choix de la gamme de prix peut influer énormément sur le montant total des travaux.

Conclusion :

Alors à la question combien ça coûte, la meilleure réponse à apporter dans un premier temps, et vous ne l’appréciez généralement pas (sorry !), c’est que le prix dépend de beaucoup de critères. Une simple visite chez vous ne suffira pas à vous donner un prix cohérent. L’architecture n’est pas une science exacte ; pas le dans le sens où les architectes ne savent pas ce qu’ils font, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit hein ! C’est un domaine complexe et il y a énormément d’éléments à prendre en compte pour trouver le prix juste. Mais pour cela, il faut du temps d’étude et d’analyse.

Je sais malheureusement que ce temps nécessaire est très souvent incompatible avec le montage des dossiers de prêts bancaires par exemple, pour lesquels il faut fournir le plus vite possible, une estimation des travaux. Alors oui, dans certaines situations, les ratios prix/m² sont parfois utiles pour donner un ordre d’idée mais prévoyez toujours, TOUJOURS, un budget plus large pour palier à toutes éventualités.

A ces contraintes d’analyse s’ajoutent aussi les fluctuations des prix du marché de la construction. Comme beaucoup de secteur, celui du bâtiment voit ses prix augmenter énormément en peu de temps. Ce qui rend difficile toute estimation de travaux. Si bien que certaines entreprises proposent des devis d’une validité de 2 semaines.

Je ne saurai que trop vous conseiller de faire appel à un architecte ou un architecte d’intérieur pour vous accompagner dans votre démarche. Demandez le plus possible des estimations au métré plutôt qu’un chiffrage au ratio. C’est ce que je propose systématiquement. C’est plus long à réaliser mais c’est aussi plus fiable. Et si vous faites directement appel à des artisans, faites faire plusieurs devis pour comparer les propositions et demandez-leur des explications sur ce que vous ne comprenez pas.

Et s’il vous plait, faites attention aux conseils de ce gars qui s’y connait en maçonnerie, qui a un oncle que connait votre ami, qui vous donnera un prix « à la louche », sans avoir mis un pied chez vous. Si vous avez de la chance, le prix qu’il vous donnera correspondra à la seule fourniture de matériaux, et sera en toute logique, bien moins cher qu’un professionnel faisant tout le nécessaire pour effectuer ses travaux dans les règles de l’art. Même si cela peut inquiéter, faites confiance aux professionnels et méfiez-vous des conseils d’amis d’amis.

N’hésitez pas à me laisser un commentaire ou me poser vos questions sur le sujet, je serai ravie de vous répondre.

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Lise-Pauline Henry

Fondatrice de l’agence d’architecture d’intérieur et de décoration Tadaima Concept, je suis diplômée d’Etat en Architecture et titulaire d’une Maitrise en Arts Plastiques. Créative pure souche, j’aime dessiner, coudre, jardiner, bricoler, voyager… m’inspirer de ce qui m’entoure pour enrichir mes projets et partager avec vous tous mes secrets !

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