Aujourd’hui, je vous propose d’aborder les significations de la couleur Rose. Comme toutes les couleurs, le Rose a ses bons et ses mauvais côtés. Toutefois, ses mauvais aspects n’ont pas été hérités de son Histoire ancienne mais plutôt de son utilisation au cours du XXe siècle. Si vous ne l’avez pas encore lu, je vous invite à découvrir mon article sur l’Histoire du Rose. Alors que les autres couleurs sont marquées par une symbolique très forte qui a tendance à s’estomper avec le temps, le Rose, rapidement considéré comme la plus belle des couleurs, a perdu de sa superbe en endossant des rôles trop pesants malgré sa légèreté apparente. Il est donc plutôt récent de ne pas apprécier cette couleur, en tout cas dans nos sociétés européennes. Fait avéré, le Rose arrive, autant chez les hommes que chez les femmes, sur le podium des couleurs les plus détestées, juste derrière le Marron. Décortiquons tout cela ensemble.
Mélange de Blanc et de Rouge, le Rose peut se voir attribuer des symboliques du Blanc ou du Rouge, selon s’il est pâle ou plus chatoyant. Cet entre-deux lui permet d’être à la fois apaisant et énergisant. Il est une couleur qui apporte de la gaité et qui symbolise l’optimisme. Ce n’est pas un hasard si nous voyons la vie en Rose lorsque l’on est heureux ! C’est une couleur rafraichissante, qui donne du pep’s et des bonnes ondes. On peut également associer le Rose au printemps et au renouveau, à travers la couleur délicate des fleurs naissantes.
A la fin des années 1970, Alexander G. Schauss, directeur de l’Institut Américain de Recherche Bio-sociale de Tacoma, émet l’hypothèse que le Rose pourrait baisser la pression artérielle et la force musculaire. Il suggère donc de le tester dans les prisons, en exposant les détenus à une nuance bien précise de la couleur Rose, et ce pendant 15 minutes. En 2006, la prison de Pfäffikon en Suisse allemande, est la première en Europe à tester le Cool Down Pink, l’effet calmant de la couleur Rose. Les murs de certaines cellules sont alors colorés en Rose et les détenus les plus agités y sont placés pour une durée de quelques minutes à plusieurs heures. Les premiers constats confirmeraient l’effet bénéfique apaisant sur les détenus, en tout cas lors des essais menés par Schauss. Par la suite, le phénomène est repris par d’autres établissements pénitenciers qui, en choisissant un Rose trop vif, en quantité pas assez modérée et surtout, en ne respectant pas les temps d’immersion mèneront à l’effet inverse de celui escompté. Cela soulèvera aussi d’autres questionnements, notamment sur l’aspect humiliant de l’expérience et pire, sur l’accentuation des violences sexuelles entre détenus.
En effet, le Rose est la couleur féminine par excellence. Au point même d’être presque interdite à la gent masculine, sur le plan moral en tout cas. Si un homme porte cette couleur, il sera immédiatement considéré comme efféminé, ou catégorisé comme une personne homosexuelle. Des préjugés à la dent dure qui existaient déjà lors de la Seconde Guerre Mondiale, durant laquelle les hommes homosexuels devaient porter un triangle Rose sur leur vêtement, de la même manière que les personnes de confession juive devaient porter l’étoile jaune. Le Rose devient une couleur discriminante, ce qui explique également les résultats sur les détenus suisses. C’est ainsi la seule couleur vraiment genrée.
Plus légèrement, le Rose symbolise l’univers enfantin des petites filles. Il s’oppose au Bleu Ciel réservé aux petits garçons et ce, autant dans les rayons de jouets que de vêtements pour enfants, que sur les pages des catalogues. Le Rose, c’est pour les filles et les industriels l’ont bien compris. Cette couleur permet au premier coup d’œil, de guider les potentiels acheteurs, les parents ou futurs parents, vers des produits destinés aux filles. Les fêtes, de plus en plus courantes en France, de Gender Reveal (comprenez révélation du genre), jouent également sur l’opposition de ces 2 couleurs. Des confettis, ballons, gâteaux roses annonceront l’arrivée une petite fille dans la famille et ce, sans qu’il n’y ait besoin d’explication. Formatés, nous ?
Toujours dans un esprit enfantin, le Rose est également associé à la fantaisie et à l’innocence. Il évoque une certaine candeur, voir un côté niais et nunuche lié à l’univers Princesse-Paillette-Prince-Charmant. Il est aussi associé au monde des confiseries et des plaisirs sucrés. Les bonbons roses seraient les plus tentants, largement devant les bonbons verts entre autres. Le Rose est doux et gourmand. Il est ce petit plaisir coupable que l’on s’accorde, le rose aux joues, lorsque l’on craque pour un bonbon, ou un cupcake dégoulinant…
Par extension, il est la couleur de la tendresse et du romantisme. Historiquement, le Rose est associé à la couleur de la peau et donc à la nudité. Il est associé à l’Amour, sans pour autant s’alourdir des symboliques passionnelles, voire de luxure, que peut avoir le Rouge. Le Rose évoque plutôt la séduction, mais avec classe et délicatesse. Les marques de cosmétiques ou de lingerie jouent d’ailleurs sur cet aspect du Rose : romantique, séducteur et délicat. Nombreux sont les emballages qui arborent cette couleur, du plus léger au plus marqué, du plus sage au plus osé.
Côté vestimentaire, porter du Rose vous donnera bonne mine. Evidemment, la nuance choisie aura son importance. Des teintes Rose Pâle évoqueront la douceur et le calme. Au contraire, des Roses plus soutenus auront tendance à dévoiler un côté de vous plus assuré et confiant, au risque de basculer vers la vulgarité. La Poupée Barbie est le symbole même de cette vulgarité à travers son identité Rose Fuchsia un peu too much. S’habiller comme une poupée Barbie ne sera pas le meilleur des atouts pour votre style.
Le Rose peut également servir de contre-pied à toutes ses symboliques. En 2005, le Stade Français se présente en maillot Rose. Quoi de plus sidérant qu’une équipe de gros-bras rugbyman portant la couleur la plus féminine qui soit ! Un coup de pub efficace, qui bien que déboussolant leurs adversaires, ne suffit pas à leur faire gagner le match. Toutefois, la semaine suivante, ils remplissent le Stade de France pour un simple match de championnat.
En 2016, l’engouement pour le Millenial Pink envahit les milieux de la mode, du design et de la gastronomie. Ce Rose non-Rose veut s’affranchir de tous ses rôles trop pesants. Selon la journaliste Nancy Mitchell, « Il est, à bien des égards, défini davantage par ce qu’il n’est pas que par ce qu’il est : pas Barbie. Pas chewing-gum. Pas princesse »*. Une manière de remettre en question les valeurs associées au Rose durant le XXe siècle, trop lourdes, trop négatives. Le Rose mérite finalement plus de légèreté, vous ne trouvez pas ?
*Nancy Mitchell, The Real Reason No One Can Shut Up About Millennial Pink, sur Appartment Therapy, 2017
La semaine prochaine, nous terminerons la série sur la couleur Rose avec un article sur le Rose en Décoration. J’espère que cet article vous a plu. Comme d’habitude, n’hésitez pas à me laisser un commentaire, partager mon article et vous balader sur mon blog pour trouver d’autres sujets qui vous intéressent !